CULTIVER SON PROPRE TABAC À ROULER
Législation
Nous allons commencer cet article par un petit rappel de la loi française.
Il est interdit à quiconque de faire profession de fabriquer pour autrui ou de fabriquer accidentellement en vue d’un profit, des cigarettes avec tabac sauf dans les conditions prévues par le décret mentionné aux 2 de l’article 565 (1) ou, lorsque cette fabrication est effectuée au domicile du consommateur dans la limite de ses besoins personnels, par lui-même, par les membres de sa famille par des gens à son service.
Le tabac :
Faire son tabac est tout à fait possible. Le tabac est un produit manufacturé que l’on fabrique généralement à partir de feuilles séchées de plantes de tabac commun.
Lorsque votre plant de tabac est en fleurs, vous devez couper ces dernières afin de favoriser le grossissement des feuilles du haut. Votre plan produira davantage.
Lorsque les feuilles sont vertes à taille adulte, c’est le moment de la récolte. Vous devrez les suspendre afin de commencer le séchage. Vous devriez obtenir une feuille en partie sèche mais qui restera tout de même souple pour pouvoir la manipuler. C’est un peu comme une peau de chamois.
Lorsque vous aurez atteint ce stade, ébouillantez les feuilles et suspendez-les de nouveau jusqu’à obtenir le séchage final. Celui-ci doit être doux et progressif afin de laisser leur souplesse aux feuilles afin qu’elles ne s’émiettent pas.
Lorsque vous aurez atteint le niveau de séchage désiré, découpez la nervure centrale des feuilles et émincez-les en fines lamelles. Il ne vous reste plus qu’à stocker votre tabac dans une boîte hermétique. Le tabac que vous aurez récolté de cette manière sera beaucoup moins agressif pour vos poumons et la gorge. Le résultat sera donc une diminution de votre toux. Rien ne vous empêche afin d’adoucir davantage votre tabac, de le couper avec d’autres plantes séchées comme le trèfle par exemple.
La culture :
Vous nous avez demandé comment était cultivé le tabac. Nous allons donc vous proposer une plongée dans la culture traditionnelle. La graine de tabac est semée en pépinière ou sur du semi flottant au début du mois de mars. La plante est mise en terre à la mi-mai. Au début de l’été, c’est-à-dire au début de la floraison la plante aura atteint près de 1 mètre 80. La fleur est coupée pour que les feuilles se développent, il y en a environ une vingtaine par pied. Lorsque les premières décolorations arrivent, elles indiquent le moment de la récolte au mois de juillet et d’août. Il faut énormément de main-d’œuvre et d’attention. Les feuilles sont séchées sous air chaud ou sous serre ou dans des séchoirs traditionnels. Elles sont triées en été et au début de l’automne.
Ce séchage d’air chaud nécessite 20 kg de bois pour sécher 1 kg de tabac. Cela dure environ une semaine. C’est la méthode de séchage la plus utilisée mais elle entraîne cependant une déforestation importante. En Afrique, plus de 140 000 ha de terrains boisés indigènes disparaissent chaque année afin de servir au séchage du tabac.
Nous sommes pour la préservation de notre planète et il est de notre devoir de vous déconseiller cette méthode de séchage qui nécessite des procédés consommant du bois ou des énergies trop coûteuses. Ne cherchez pas à accélérer un séchage naturel qui est certes plus long mais qui comme chacun le sait, ne saurait égaler la qualité d’un résultat parfait pour un tabac goûteux et savoureux.
Quel tabac choisir ?
Le tabac que je vous conseillerais est certainement le BURLEY (brun). Il est produit dans plus de 50 pays. Les principaux sont les États-Unis, l’Italie, la Corée, le Brésil et le Mexique. Il représente 10 % de la production mondiale. C’est une sorte de tabac légèrement séché à l’air libre, dérivé du White BURLEY, qui est une forme mutante née dans une ferme de l’Ohio en 1864. On le retrouve généralement dans les mélanges de tabac pour cigarettes. Sa particularité est d’avoir un faible pourcentage en sucres et un rapport sucre/azote très bas. Ce tabac à une grande capacité d’absorption des arômes ajoutés à la cigarette. Les feuilles ont des couleurs qui vont du marron clair au marron foncé. Elles ne doivent avoir aucune tache jaune. Un plan typique a environ 20 30 feuilles.
Vous pouvez aussi choisir le tabac de Virginie et le tabac d’Orient qui sont blonds. Pour ma part j’ai choisi du Nicotiana tabacum (tabac brun).
Une autre méthode de séchage
À la fin du mois d’août vous pouvez ramasser les feuilles qui sont les plus avancées. Ce sont généralement les plus basses sur la tige et vous remontez au fur et à mesure. Cette petite astuce de la récolte progressive vous permettra un travail beaucoup moins fastidieux. Lorsque vous aurez ramassé une quarantaine de feuilles mures dans la journée, vous en aurez approximativement pour 20 minutes de préparation seulement. Et nous allons voir ensemble comment faire.
Il faudra couper des tronçons de fil de fer d’environ 20 cm. Vous allez passer chaque tronçon dans la côte centrale de la feuille, à la base de la tige et refermer la boucle. L’endroit idéal comme local sec et aéré, serait un grenier, un garage ou au pire des cas un auvent. Vous allez tendre des cordes à linge ou des fils très solides. Vous y suspendrez les feuilles la tête en bas en recourbant l’autre extrémité du fil de fer qui est enfilé. Tant que faire se peut, évitez que les feuilles se touchent en les écartant ou en faisant des tronçons de fil de fer de longueurs différentes. L’idéal est que les feuilles restent souples c’est-à-dire qu’elles conservent une certaine humidité. Elles ne doivent absolument pas dessécher ni moisir. Mais dans la pratique, il est très difficile d’éviter le dessèchement. On pourra compenser en humidifiant de nouveau lorsqu’on les mettra en bocaux. Par contre un point important, dès le premier signe de moisissures qui est en fait une substance grise qui se développe sur la tige puis gagne la feuille, il faudra se séparer des feuilles atteintes. Essuyez la tige et placez le tout dans un endroit plus chaud. Si vous avez la possibilité, les placer à côté d’un radiateur ou d’un poêle dans une cagette serait idéal tout en n’oubliant pas de remuer de temps en temps pour aérer.
Le séchage initial c’est-à-dire lorsque les feuilles sont fraîches, prend environ trois semaines dans un garage ou un grenier. Il va sans dire que cela dépend de la température ambiante. On pourra ensuite stocker les feuilles sèches en cageots pour les faire vieillir et les préparer à l’affinage en bocaux. La raison principale est que le tabac prend énormément moins de place lorsqu’il est en bocaux que lorsqu’il est en cageots. Il sera ainsi plus facile de maintenir une bonne humidité car le dessèchement altérera sa saveur. Je conseille un affinage d’au moins un an pour que le tabac soit vraiment bon.
La mise en bocaux
Avant de mettre le tabac en bocaux, il va falloir s’assurer du taux d’humidité des feuilles. Si elles sont souples ou sèches, la technique sera différente. Rassurez-vous, nous allons voir les deux.
1. Souples :
Si les feuilles sont souples c’est qu’elles ont gardé une certaine humidité. Il faut prendre une feuille et en détacher la chair de la côte centrale pour ôter les nervures secondaires. Nous allons former une liasse de quelques morceaux de feuilles pour la rouler serrée et la trancher aussi finement que possible avec un gros couteau bien affûté. Est-il utile de vous préciser de faire attention à vos doigts ? Répétez le tranchage au couteau dans l’autre sens. À l’aide d’un hachoir manuel pour les fines herbes, il faut maintenant hacher de tabac. Il vous appartient de choisir la taille de coupe. Vous pouvez aussi bien entendu passer le tout dans un hachoir électrique bien un robot ménager pour râper les légumes en essayant de trouver la grille qui correspond à vos souhaits. Vous pouvez maintenant le mettre dans un bocal en verre fermé et en rectifier l’humidité si nécessaire.
2. Sèches :
Si maintenant le tabac est sec et qu’il s’effrite tout seul, la seule option qui s’offre à vous est de réduire le tabac en flocons. Utilisez pour cela un grand saladier et brisez-le à la main. Adaptez la taille à votre convenance mais nous vous conseillons de le faire assez fin. Il devient alors impératif de ré humidifier les feuilles. Pour cela, il faut remplir un bocal en verre aux deux tiers de tabac haché. Il faut y ajouter des arômes. Vous pouvez prendre de l’alcool de fruits parfumés ou bien du whisky, du rhum, du sirop de réglisse, etc. Cela dépendra de vos goûts. Mélangez le tout et laissez reposer quelques heures avant de l’utiliser. Si le taux d’humidité devient trop important, la combustion s’en fera ressentir et vous n’arriverez pas à le fumer. Il suffira de sortir la quantité voulue et de la poser dans un bol ou une assiette pour un séchage à l’air libre rapide. À force de pratique, vous trouverez le degré idéal d’humidité pour le roulage.
En conclusion, voyons le cas « idéal ». Il faudrait que le tabac ait séché suspendu au moins un an afin d’être réellement agréable. Mais les goûts ne se discutent pas. Pour ceux qui ont la chance d’avoir un local dédié à la fabrication de leur tabac, le faire sécher accroché ou empilé en cageots le plus longtemps possible tout en maintenant un taux d’humidité idéal serait parfait. Si vous vous posez la question de savoir quel est ce fameux taux d’humidité idéal, c’est celui que vous retrouvez dans votre paquet de tabac à rouler lorsque vous l’achetez. Mais il est très difficile d’arriver à un tel résultat car il y a des risques de moisissures dans les premières semaines lorsqu’il est frais et de dessèchement par la suite ce qui altérera son goût. Gardez comme ligne de conduite que votre tabac doit être séché tout en restant souple.
Je conclurai en disant que d’après notre expérience personnelle, les machines à tuber et les tubes sont réellement économiques. L’équivalent d’un paquet de 20 cigarettes fabriquées artisanalement reviendrait à moins de 0,40 €.
Source : Meta tv
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